MuseoGames ouvre ses portes

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MuseoGames
est une exposition dédiée au jeu vidéo hébergée par le Musée des Arts et Métiers, à Paris, du 22 juin au 7 novembre 2010. Ayant eu la chance d’être invité à la présentation presse et au vernissage, me voici donc parti pour vous rédiger un compte-rendu détaillé de l’évènement!

L’exposition commence sur un texte plutôt simple rappelant l’origine du jeu vidéo. A côté de ce rapide résumé se trouve un écran diffusant une interview croisée de différentes figures importantes du jeu vidéo français, parmi lesquelles Frédérick Raynal, David Cage ou encore Philippe Ulrich. En soi, la vidéo n’est pas très intéressante et ressasse des idées et des réflexions déjà lues et entendues des dizaines de fois, mais elle vaut malgré tout le coup d’œil pour les élucubrations rhétoriques tout simplement formidables de l’inégalable Philippe Ulrich!

On débarque ensuite dans une petite salle proposant un mur définissant différents termes fréquemment utilisés dans l’univers du jeu vidéo. La mise en page chaotique (et la police pas très agréable, une constante de l’exposition) rend la chose assez pénible à lire, les connaisseurs passeront donc vite leur chemin car ils n’apprendront rien, et les néophytes risquent d’être découragés par le manque de lisibilité de la chose. De l’autre côté de la salle se trouve un mur d’écran plats (malheureusement tous au format 16/9 avec une image étirée) diffusant des séquences de plusieurs jeux cultes et incontournables de l’époque 8 / 16 bits.

L’exposition continue avec un petit couloir conduisant à la salle principale. Le long de ce couloir est disposé sur des étagères énormément de matériel. On y trouve des consoles, des ordinateurs personnels, des jeux électroniques ou mécaniques, des tonnes d’accessoire et de jeux vidéo, pour beaucoup accompagnés de leur conditionnement d’origine. S’il y a énormément de choses, malheureusement tout est placé derrière une grille (une vitrine aurait été plus judicieuse), et le manque de lumière gâche un peu le plaisir des yeux. Pour le passionné, cette partie de l’exposition représente une vraie petite caverne d’Ali baba, peut-être le meilleur moment de MuseoGames, alors que le néophyte ne sera probablement pas autant touché car il n’y a aucun texte, aucune indication, aucune information sur les objets présentés. Cela fait plus penser à une brocante qu’à un musée! (Attention, j’adore les brocantes, il ne s’agit donc pas nécessairement d’une remarque péjorative)

Vient ensuite ce que les responsables de MuseoGames considèrent comme le clou de leur exposition: la salle de jeu. Dans une énorme pièce qui doit bien faire au moins une quinzaine de mètres de long, se trouve une longue table sur laquelle sont présentées énormément de machines, avec une trentaines de postes jouables. Les machines qui font tourner les jeux ne sont pas celles posées sur la table, mais il s’agit bien des machines originales et non d’émulation. Les contrôleurs sont également ceux d’époque, et quand on en a certains entre les mains, on se demande vraiment aujourd’hui comment on arrivait à jouer en ce temps-là! Si les vidéo-projecteurs accrochés au plafond, diffusant en direct les parties jouées par les visiteurs, sont d’une qualité remarquable, les écrans plats que l’on utilise pour jouer sont quant à eux de bien mauvaise qualité, avec souvent une image baveuse et terne. On ne le répètera jamais assez : rien ne vaut un écran cathodique pour jouer sur une vieille console! Je pense par ailleurs qu’énormément de machines sont branchées en RCA plutôt qu’en RGB. Le panel des machines est plutôt large, et essaye de couvrir toutes les époques depuis Pong jusqu’à la Playstation 2. Si certains choix de jeux sont indiscutables (comme Super Mario Bros. sur NES, Sonic sur Megadrive ou encore Tetris sur Game Boy) de part leur côté emblématique et l’importance qu’ils ont eu dans l’histoire du jeu vidéo, d’autres me semblent plus sujets à polémiques pour ce qui est de leur présence à cette exposition (comme REZ sur Dreamcast ou encore Okami sur PS2). Sur les tables sont disposées des fiches racontant brièvement l’histoire des machines et des jeux proposés. C’est quasiment le seul moment de l’expo où on trouve un peu d’information sur l’histoire du jeu vidéo.

Pour conclure sur cette partie de l’exposition, je reprocherai quelques choix qui m’ont passablement déçu. La plupart des consoles sont en 50Hz, avec toutes les conséquences désagréables que cela implique sur l’affichage (bandes noires en haut et en bas de l’image, vitesse de jeu réduite). La NeoGeo est présente, et alors que la console exposée est une version cartouche avec Metal Slug, accompagnée de deux sticks, les visiteurs doivent se contenter de jouer à la version NeoCD, avec des manettes qui ne sont pas en très bon état! Pour le coup, je ne comprends vraiment pas les raisons qui ont pu motiver ce choix. Pour finir, la plus grande faute de goût dans cette salle de jeu reste quand même l’absence remarquée de la PC Engine. Accompagnée de Bomberman et de 5 manettes, je pense que la console de NEC aurait largement mérité d’avoir une place dans la salle de jeu!

Pour finir, l’exposition se termine sur quelques machines d’arcade. Alors que celles-ci sont présentées, à juste titre, comme étant à l’origine du jeu vidéo, elles se retrouvent malheureusement reléguées dans une petite salle cachée au fond de l’exposition, à côté de laquelle de nombreux visiteurs passeront certainement. Là aussi, le choix des jeux est sujet à discussion. Si la présence de Space Invaders, Out Run ou même NBA Jam me semble tout à fait légitime, je pense que Time Traveller, Police Trainer ou encore Radical Bikers n’ont rien à faire là. Et bien que les qualités du titre soient indéniables, il est incompréhensible d’avoir placé Marvel Vs Capcom comme représentant du jeu de combat plutôt que le fondateur et mythique Street Fighter II. Il y a 9 bornes en tout et pour tout, et on a l’impression qu’elles ont été placées là plus pour faire du remplissage que pour raconter une histoire.

Alors, cette exposition vaut-elle le coup? Je dois dire que mon avis est partagé. Cela dépend de ce que vous en attendez en fait. Si vous espérez trouver un endroit vous racontant l’histoire du jeu vidéo, riche en anecdotes et en contenu, alors passez votre chemin. Je pense d’ailleurs que le manque d’information est le gros point faible de l’exposition, et que le contenu est globalement léger, même s’il est intelligemment mis en œuvre. Si vous êtes un collectionneur averti, et plus globalement si vous êtes un joueur passionné de plus de trente ans, vous ne découvrirez probablement pas grand chose. Tout au plus éprouverez-vous un peu de nostalgie en revoyant certains objets que vous ne possédez peut-être plus. Par contre, si vous êtes plus jeune, que vous êtes curieux de voir (mais surtout d’essayer) le jeu vidéo tel qu’il était avant, avec son interface d’origine, alors je pense que MuseoGames peut assouvir une partie de votre curiosité.

Quoiqu’il en soit, je tiens à saluer l’initiative et le travail des gens qui ont réalisé cette exposition. Bien que très perfectible sur de nombreux points, il y a de bonnes idées qui pourraient servir de base à un projet plus ambitieux, destiné à narrer l’histoire du jeu vidéo. D’après les bruits de couloir que j’ai pu entendre, il semblerait que cette exposition a été montée de manière un peu précipitée, ce qui explique certainement l’origine des nombreuses faiblesses que j’ai pu souligner. Pour plus d’informations, n’hésitez pas à aller consulter le site officiel de MuseoGames.

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