Bon cetait pas le parc kils voulaient raser, c'est ce kil y a autour
Sébastien Bazin est un adepte des bons mots. Et en privé, il en est un qu’il s’amuse à répéter : « Le PSG c’est 5% de mon temps et 95 % de mes ennuis ». D’un autre côté, le Directeur général Europe du fond d’investissement californien n’a jamais fait l’unanimité du côté des supporters du PSG. Retour sur un investissement raté dans lequel tout le monde en sort perdant : actionnaire et supporters.
1. Colony : le roi de l’immobilier
Revenons un peu en arrière. En avril 2006, Canal + vend le club de la capitale à trois investisseurs qui s’engagent pour le meilleur et surtout pour le pire à hauteur de 33,33 % chacun. Les biens nommés se nomment Butler Capital, Colony Capital et la banque Morgan Stanley. Trois ans plus tard, deux des trois partenaires se sont désengagés - Butler n'a gardé que 3 %- et Colony se retrouve à la tête de 95,8% du capital du PSG.
Mais, tout a commencé sur un malentendu : les supporters du PSG et les dirigeants de Colony n’ont jamais eu le même but pour le club. Les premiers ont pensé que les nouveaux actionnaires allaient ramener le club à un âge doré, celui pendant lequel les George Weah, Rai ou autres Djorkaeff amenaient le club au sommet du foot européen. Les seconds ont annoncé de belles promesses sportives à leur arrivée – comme tout nouvel actionnaire - mais ils n’ont en jamais été là pour autre chose que pour faire des profits.
En effet, Colony Capital, fondé en 1991, est avant tout un fond d’investissement immobilier habitué aux coups financiers et particulièrement dans l’immobilier. D’ailleurs en 2007, son PDG, Tom Barrack, a même été nommé « plus grand investisseur immobilier du monde » par le magazine américain Fortune. La société gère même un portefeuille d’actifs de plus de 25 milliards de dollars dans le monde.
Donnons une portée un peu plus réelle à ce chiffre. Rien qu’en Europe, Colony est propriétaire de 9,1 % de Carrefour, de 10 % des hôtels Accor, de Buffalo Grill ou encore des magasins But. Au niveau immobilier, Colony détient les 37 casinos du groupe Lucien Barrière, le Las Vegas Hill, des bureaux d’entreprise à Marseille, Marcoussis, Madrid, le Port d’Ivry ou encore trois tours d’affaires à La Défense.
Sans vouloir être médisant, si les fans du PSG pensent que le spectacle n’est pas toujours à la hauteur du côté du Parc des Princes, je les invite à visiter le Ranch Neverland de Mickaël Jackson, propriété de Colony Capital. Un conseil : laissez un billet avec un petit mot sur le livre d’or : « Pour le PSG, merci ! »
2. Un PSG surendetté
Les spécialistes de la finance sont unanimes : l’échec de l’investissement de Colony au PSG n’a aucune conséquence sur l’image du groupe californien dans le milieu des affaires. D’abord, Colony reste un groupe de référence mondiale dans l’investissement lucratif. En effet, la politique du groupe depuis sa création est simple : assurer une rentabilité minimale de 20% par an sur ses investissements. D’autre part, les montants investis dans le PSG (80 millions €) depuis 2006 sont une goutte d’eau comparée à son portefeuille d’actifs dans le monde.
Pourtant, il n’en reste pas moins que les difficultés comptables du club restent présentes depuis le départ de Canal + (et même avant). Les dirigeants du PSG se doivent d’assurer des résultats sportifs de haut niveau en gardant des stars aux gros salaires à la fois pour satisfaire les supporters et pour représenter la capitale de la France. Sous l’ère Canal +, les présidents avait mis en place un système de fraude fiscale massive pour payer des salaires très supérieurs au possible train de vie du club.
Sous l’ère Colony, les comptes restent toujours dans le rouge : en 2007/2008, le déficit était de 12 millions €, pour 2008/2009, il s’élevait à 5,4 millions €. Cette année, on table sur une perte de 15 millions d’euros. La dette cumulée du club s’élève même à 50 millions d’euros aujourd’hui.
Quand Alain Roche nous annonce que le club aura du mal à recruter cet été, on se dit que Colony reste fidèle à sa logique : le PSG est un investissement qui, pour rester poli, les ennuie profondément.
3. Le dossier qui fâche : le Parc des Princes
Depuis 2006, Colony n’a pas pour objectif de faire briller le club. Et on peut dire que ses dirigeants ont réussi. En 4 ans, le PSG a frôlé deux fois la relégation et a gagné deux coupes nationales. Le but initialement caché était de mettre la main sur le Parc des Princes et aussi de construire un projet immobilier de grande ampleur autour du stade : bureaux, centre commercial, crèches, parking, restaurants… D’ailleurs le site de Colony présente le PSG comme suit : « Acquisition de l’équipe de football de Paris avec de véritables atouts fonciers ». Pour vous en convaincre vous-mêmes, je vous invite à visiter la page en question :
http://www.colonyinc.com/other.php
Depuis lors, les supporters du PSG sont au courant de la supercherie – ou de la divergence d’intérêts – et une très grande majorité d’entre eux souhaitent que Colony se désengage du PSG.
Mais un sujet pourrait leur donner satisfaction : la concession du Parc des Princes. Cette concession est accordée par la mairie de Paris jusqu’en 2014 à la SESE (la Société d’Exploitation Sport Evénement), filiale de Colony Capital. Or, Colony veut que la concession soit accordée avec un bail sur le long terme (de 18 à 60 ans) afin d’amortir au mieux les 100 millions d’euros nécessaires à la rénovation du stade. Cette concession à long terme permettrait aussi de laisser les mains plus libres à Colony pour dégager des profits. Les dirigeants ont, pour se faire, penser au naming, à savoir rebaptiser le nom du stade.
L’appel d’offre a été lancé par la mairie de Paris et la lutte est âpre pour que Colony garde les droits sur la concession. A l’heure actuelle, la mairie prendrait très au sérieux, le projet de Jacky Lorenzetti, le président du Racing Métro – club de rugby. Si Colony perdait la concession, il devrait payer 5 millions € par an pour louer le stade à la nouvelle société d’exploitation. Cela serait peut-être la goutte qui fait déborder le vase pour Colony Capital qui pourrait alors envisager de partir. Il paraît que Bernard Tapie serait intéressé. Il l'a dit lui-même. Affaire à suivre.