Depuis le début de l'accident, toujours en cours, la centrale japonaise a rejeté de nombreux produits radioactifs, principalement de l'iode et du césium, transportés par les milliers de tonnes d'eau qui ont été déversées par les secours pour refroidir les installations et dont une partie a nécessairement ruisselé dans le Pacifique tout proche après ce "lessivage".
Selon Tepco et l'Agence de sûreté nucléaire nippone, cette radioactivité relâchée dans la mer se dilue avec les marées et le risque sur les algues et les animaux marins n'est pas important. Selon d'autres spécialistes, ces rejets radioactifs dans l'océan Pacifique seront sans conséquence majeure à l'échelle planétaire, mais ils pourraient avoir un impact notable, voire durable, sur la vie marine au large de la centrale japonaise.
Cercle vicieux du refroidissement
Les techniciens qui luttent depuis bientôt vingt jours pour éviter une catastrophe majeure à Fukushima sont entravés dans leurs opérations par des nappes d'eau fortement radioactive qui ont envahi des salles et des galeries techniques. Ils sont confrontés à un cercle vicieux: il est vital de refroidir les réacteurs, mais plus ils utilisent d'eau, plus les nappes radioactives augmentent. Et moins ils injectent d'eau, plus la température augmente dans les réacteurs.
Ils ont "perdu la course" pour sauver le réacteur n°2, explique un expert de General Electric au Guardian. D'après lui, il n'y aurait pas de danger d'une catastrophe du type Tchernobyl. Pourtant, le coeur du réacteur aurait fondu au point de traverser l'enceinte de confinement pour atteindre le béton qui se trouve dessous, selon le quotidien britannique.
Dépassé par les événements? Le gouvernement japonais a finalement ordonné ce mercredi un contrôle urgent de tous les réacteurs nucléaires du pays, qui en compte 50, tous en bord de mer.
La France et les Etats-Unis ont annoncé qu'ils allaient venir en aide au Japon. La France a dépêché d'ores et déjà au Japon deux experts - l'un du groupe nucléaire Areva et l'autre du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) - pour venir en aide à l'exploitant de la centrale, Tepco, vivement critiqué pour sa gestion de la crise. Le département américain de l'Energie envisage, lui, d'envoyer au Japon des robots, qui pourraient aller au plus près des coeurs des réacteurs et des piscines de combustible usé.
(NOTE : les robots que le japon ne voulait pas quand ils venaient de chez nous…..)
http://www.lexpress.fr/actualite/monde/ ... tor=AL-447
Le Japon compte plus de 50 réacteurs
Le Japon compte plus de 50 réacteurs, tous situés en bord de mer, sur un archipel qui est intégralement menacé de secousses sismiques. La centrale Fukushima Daiichi (Fukushima 1, nord-est) affronte une situation extrême, l'alimentation électrique ayant été coupée par le séisme et le tsunami, les groupes électrogènes noyés et les dispositifs de refroidissement mis hors service, le tout entraînant une surchauffe du combustible, des explosions et des fuites radioactives.
Après étude des mécanismes et lacunes qui ont conduit à cette catastrophe, le ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie exige que tous les réacteurs en activité soient contrôlés rapidement et que des dispositions soient prises afin de réduire les risques de reproduction de ce type d'accident. Quant aux installations qui sont actuellement à l'arrêt ou en construction, elles ne pourront pas être exploitées sans avoir été contrôlées, a déclaré le ministre de l'Industrie, Banri Kaieda, lors d'une conférence de presse partiellement retransmise à la télévision.
«L'électricité d'origine nucléaire représente jusqu'à 30% de la production au Japon»
Le ministère demande en outre que des exercices soient menés pour entraîner les équipes à affronter ce type de situation d'urgence. Des mesures devront aussi être mises en oeuvre pour sécuriser des sources d'alimentation électrique de secours ainsi qu'un moyen de refroidir les combustibles, notamment dans les piscines de désactivation.
Le ministre a insisté sur le fait que le Japon pouvait difficilement se passer de l'électricité d'origine nucléaire, compte tenu de ses besoins et de l'absence de ressources. «L'électricité d'origine nucléaire représente jusqu'à 30% de la production au Japon», a-t-il rappelé. L'arrêt de plus d'une douzaine de réacteurs après le séisme du 11 mars oblige la compagnie Tokyo Electric Power, qui gère Fukushima Daiichi et alimente la capitale, à programmer des coupures de courant et à forcer les usagers à limiter leur consommation.
http://www.20minutes.fr/article/697107/ ... nucleaires
« Le MOX est un combustible issu du retraitement des déchets radioactifs - et des armements militaires - composé à 7% de plutonium.
Un réacteur fonctionnant au MOX pose un double problème : il a un point de fusion beaucoup plus bas et en cas de fuite le potentiel de rejets radioactifs double.
Le plutonium est un élément radioactif extrêment dangereux qui reste actif pendant plus de 200 000 ans : quelques microgrammes suffisent pour déclencher un cancer du poumon. »
« C'est un mélange uranium-plutonium qui permet de “brûler” le vieux plutonium, lui même résidu de la désintégration de l'uranium.
Au point de vu “radio” c'est pareil, ils te brûlent, simplement, la durée avant qu'ils soient “brûlés” est différente. C'est comme si tu mets du tirage ou pas à ton poêle : si ça brûle vite, tu as une chaleur d'enfer, si tu brûles lentement, ça dure, ça dure.
Au point de vue chimique, le problème est que certains se substituent à des élément indispensables et constitutifs de ton corps, et là ils crachent leur venin directement [en] toi.
Si c'est rapide et pas trop critique comme pour l'iode, tu en prends un paquet pendant quelque temps. Ça revient à “diluer” le mauvais dedans, et comme ton corps ne prend que ce dont il a besoin, tu en absorbes peu.
S'il est long comme le césium et que tu ne peux pas le “diluer”, il va se stocker en toi, éventuellement t'empoisonner en déréglant une partie de ta chimie, et continuer à te griller le restant de ta vie. »
Sylvestre Huet : Les réacteurs 1 - 2 et 3 sont toujours en situation critique, puisque leur refroidissement n'est
pas garanti sur la durée encore nécessaire pour les mettre en «arrêt à froid». Les cuves des réacteurs 2 et 3 ne
sont plus étanches. Celle du 1 le semble toujours. Les trois enceintes de confinement semblent inétanches. Les trois sont désormais refroidis avec de l'eau douce qui est injectée directement. Les salles de commandes sont alimentées en électricité. Mais les opérateurs n'osent pas remettre en service les systèmes de refroidissement de secours avant d'avoir vérifier tous les matériels et refait en grande partie les circuits électriques. Les coeurs des trois réacteurs ont en partie fusionné et cette destruction est à l'origine de toutes les émissions de radioactivité. L'eau très contaminée qui a coulé vers les salles des machines (turbines) et qui empêche d'y travailler provient manifestement pour les réacteurs 2 et 3 du circuit primaire, c'est-à-dire celui en contact avec le coeur. En revanche, du côté des piscines il y a un mieux. Les températures sont acceptables, les niveaux d'eau aussi. La piscine commune et celles des réacteurs 5 et 6 utilisent leurs circuits normaux de refroidissement.
L'appel à l'aide lancé hier montre que les Japonais ont le sentiment de se trouver dans une impasse. Ils ont tout misé sur la remise en route des systèmes de refroidissement de secours, mais pour le faire ils doivent réinstaller les systèmes électriques. Or, tout ce travail se heurte à la contamination du site, comme l'a montré le blocage rencontré dans les salles des machines. S'ils ne trouvent pas rapidement une parade aux problèmes posés par cette eau contaminée, ils vont devoir changer de plan, mais ont-ils un plan B? c'est la question que l'on se pose depuis le début. D'après mes contacts c'est d'ailleurs autant, voire plus, d'idées qu'ils cherchent du côté des industriels étrangers que du matériel. Vous vous demandez pourquoi cet appel à l'aide vient si tard... moi aussi, j'ai posé cette question depuis plus de dix jours.
Vous dites «Pour l'instant, la contamination radioactive est encore très inférieure à celle provoquée par l'accident de Tchernobyl. » Quelles sont vos sources quand vous calculez cela? Uniquement les données de Tepco ou bien a-t-on des sources plus fiables et indépendantes?
Les spécialistes disposent de sources indépendantes pour estimer la contamination émise. Des balises situées dans d'autres pays (Canada, Etats-Unis, Scandinavie, France...) permettent de mesurer cette contamination et en reconstruisant sa dispersion de calculer combien a été émis à la source. Les calculs des différents services de ces pays convergent vers une estimation tournant autour de 10% de Tchernobyl faite Il y a quelques jours, mais les émissions continuent.
http://sciences.blogs.liberation.fr/hom ... eaire.html
Comment sortir de l’impasse ? C’est la question que se posent les ingénieurs de Tepco et, espérons-le, le gouvernement japonais dont le Premier ministre a déclaré qu’il se mettait «en alerte maximum». Au quatorzième jour de cette catastrophe nucléaire, c’est une question qu’ils posent aussi (enfin !) aux industriels ou spécialistes du nucléaire étrangers.
Toute la stratégie mise en place après la perte des sources électriques de la centrale, dévastée par le tsunami du 11 mars, reposait sur deux piliers. Le premier pilier consistait à refroidir les cœurs des réacteurs avec un bricolage de haute voltige, injectant de l’eau de mer directement dans les réacteurs via une alimentation de fortune. Cet expédient n’a pas été assez puissant pour éviter un début de fusion des cœurs, une montée en pression des cuves et enceintes et, in fine, l’émission d’une grande quantité de radioactivité. Mais il a permis d’éviter le pire : trois cœurs de réacteur en fusion complète, perçant leur cuve, faisant exploser leur enceinte et donc relâchant toute leur radioactivité dans l’air et l’eau.
En se concentrant sur les réacteurs, les ingénieurs ont négligé le danger qui menaçait les superstructures au-
dessus des piscines, avec l’accumulation d’hydrogène explosif puisque les systèmes de ventilation ne fonctionnaient plus. D’où les explosions qui ont secoué les bâtiments et probablement provoqué une destruction partielle du tore (un cylindre circulaire) plein d’eau très radioactive à la base du réacteur numéro 2. Avec les relâchements volontaires de vapeur d’eau contaminée pour éviter l’explosion des enceintes, c’est la principale origine des émissions de radioactivité dans l’environnement.
Le deuxième pilier, c’était la réalimentation électrique de la centrale, puis la remise en marche des systèmes de refroidissement de secours des réacteurs 1, 2, et 3. Et c’est là que la stratégie des ingénieurs s’est «enlisée», explique un expert de la cellule de crise de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN). Elle suppose que les équipes puissent travailler sans s’exposer au-delà d’une limite, fixée à 250 millisieverts par le gouvernement. Jusqu’à présent, dix-neuf intervenants ont dépassé les 100 millisieverts et ont quitté le site.
Mais tout s’est bloqué avec la découverte d’inondations d’eau très fortement radioactive dans les salles des machines, où il faut installer des câbles électriques. Et celle d’une tranchée en forme de U, où un tuyau d’un mètre de diamètre est plein d’une eau tout aussi radioactive. Aux pires endroits, il suffit de rester un quart d’heure pour prendre la dose maximale admise. Impossible, donc, de poursuivre les travaux. Manque d’anticipation de la Tepco ? En tout cas, la stratégie choisie – mais y avait-il une alternative ? s’interroge un ingénieur de l’IRSN – se trouve dans l’impasse. Elle pourrait durer «des jours ou des semaines», admet l’expert, peu optimiste.
Pour en sortir, il faut d’abord évacuer cette eau maudite. Le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) vient d’envoyer deux experts ès eau très contaminée au Japon. Mission : réfléchir à des solutions pour la pomper, l’entreposer dans des citernes afin de remettre à sec les salles. Areva dépêche carrément sa patronne, Anne Lauvergeon, qui part aujourd’hui au Japon avec cinq experts spécialisés dans la décontamination des effluents radioactifs et la gestion des piscines d’entreposage des combustibles usés. Une mission qui montre que les Nippons «s’ouvrent un peu», explique t-on au CEA, où l’on souligne que toute critique de leur action risque de «les renfermer sur eux-mêmes». Un mouvement ressenti lorsque l’Autorité de sûreté nucléaire française a qualifié, avec raison pourtant, de «niveau 6 sur l’échelle de gravité internationale» l’accident en cours à Fukushima.
Lorsque l’eau contaminée sera pompée et entreposée, il faudra reprendre l’ouvrage. Finir l’installation électrique, vérifier pompes, tuyaux, moteurs. Dénicher les fuites ou destructions par lesquelles est passée l’eau radioactive des cœurs afin de les étancher. Pour enfin tenter de remettre en service les systèmes de refroidissement… en priant qu’ils ne soient pas bloqués par des débris de combustibles ou d’autres pièces des réacteurs.
Tant que ces opérations ne seront pas menées à bien, le risque demeure d’une détérioration des réacteurs, et donc d’une nouvelle émission massive, voire plus importante encore, de radioactivité. Aujourd’hui, l’émission se poursuit puisque les enceintes des réacteurs - et même les cuves des réacteurs 2 et 3 - ne sont plus étanches, mais à un rythme très inférieur aux émissions du début de l’accident.
http://sciences.blogs.liberation.fr/hom ... passe.html