
La PC Engine Shuttle, une PC Engine incapable de lire les CD-ROM².
Comme tout le monde, faites-la queue !
Commençons par l’adressage de ce qui intéresse le plus la gente féminine non-féministe : le nombre de bits. Impossible de nier que, de ce point de vue-là, la PC Engine est bien pourvue, puisque si son processeur central est effectivement un processeur 8 bits dérivé du fameux CMOS 6502 qui équipe, notamment, la Famicom, la console se voit dotée de pas moins de deux processeurs 16 bits dédiés à la vidéo, d’où la fameuse qualification de console 8/16 bits qui lui colle à la peau et qui n’est pas (si) usurpée.
Car si le processeur central est un 8 bits dans le cœur, Hudson lui a adjoint une extension lui permettant de communiquer en 16 bits avec les deux processeurs vidéo de la console. Insuffisant, donc, pour qualifier cette dernière de pure 16 bits, mais, définitivement, nous sommes bien en face d’une console hybride 8/16 bits ayant le cul assis entre deux chaises, des fois qu’un bit égaré ne sache où se fourrer ! (Les plus polis parleront de trait d’union technologique, mais nous savons pertinemment que les gens pplis ne jouent pas aux jeux vidéo, les cons.)
L’espace entre la bombe et le thon.
Avant même son support CD, la PC Engine a fait jaser les joueurs sur ses cartouches au format carte de crédit, ces derniers ayant déjà oublié les fameuses My Cards de Sega (juillet 1985) ou encore les Bee Cards de la même année par Hudson, qui évolueront d’ailleurs en HuCard pour la PC Engine en 1987, avec notamment l’arrivée de Bomberman en décembre 1990, qui reste probablement le titre le plus connu de la console, une sorte d’équivalent de Mario Kart, avec le feu pas que collé au culcul.
Pourtant le titre est apparu dès 1980 d’abord comme petite démonstration technique à usage interne, puis comme jeu à part entière, publié sur les ordinateurs de l’époque (X1, PC8001mkII et FM-7) en 1983 sous le titre Bakudan Otoko (le garçon à la bombe) et mettant en scène Bomber Man, héros du jeu devant récupérer sa femme kidnappée par un gros frustré, le tout à coup de bombes. Si l’Occident n’a pas su comprendre les subtilités de la transcription des katakana, le nom du héros s’écrit bel et bien en deux mots (il suffit de compter les briques de l’écran titre pour s’en rendre compte), de même que Mega Drive et Dragon Ball. De telle sorte que Bomber Man est devenu à la fois éponyme en 1985 sur le support MSX et amputé d’une espace en 1990 lors de sa sortie PC Engine en Occident.
Définitivement, et ainsi que nous le rappelle brillamment Rensuke Oshikiri, le jeu vidéo n’est absolument pas compatible avec la réussite scolaire, à une exception léopardesque près et sera reconnu par les civilisations à venir comme le principal vecteur ayant conduit à l’instauration de l’idiocratie dans le monde.
La quadrature du cercle face au rayon laser en action.
Mais avant que la connerie ne prenne le pouvoir sur Neo-Arcadia (comment ça c'est déjà le cas ?!), démystifions d’emblée la dernière légende sur laquelle la PC Engine assied sa popularité : le lecteur optique, plus connu sous le nom de CD-ROM², c’est-à-dire un CD à la ROM au carré, parce que deux valent mieux qu’un, t’es pas trop con, tu sauras les garder.
Sorti le 4 décembre 1988 en même temps que Fighting Street, NoRiKo est au catalogue le premier jeu officiel sur CD-ROM² et se veut également le premier jeu sur support CD. Pourtant, la politesse a failli être grillée à Nec et Hudson par une petite société néerlandaise, Eurosoft, cette dernière ayant annoncé dès août 1988 la sortie d’une compilation de jeux MSX sur cassettes, disquettes et CDS, acronyme de Compact Disc Séquentiel, c’est-à-dire un CD dont les données sont gravées dans une suite ordonnée. En fait, comme n’importe quel CD, mais passons rapidement sur les affres du marketing et intéressons-nous aux affres judiciaires, car c’est bien de cela qu’il s’agit : la seule raison pour laquelle NoRiKo est le premier jeu sur CD(-ROM(²)) est parce que la police, dans le cadre d’une enquête mettant en cause Eurosoft, a saisi tout le stock prévu à la vente, stock qui n’a finalement pu être commercialisé qu’en avril 1989 au lieu de novembre 1988 ! Tout ça pour ça, mais tout cela valait-il cela ?
Bonne question ! Revenons-en à la technique, qui se révèle être des plus simples et a d’ailleurs été adapté plus tard par Code Masters sur ZX et CPC : de la même manière que l’on pouvait lire les cassettes CPC 464 sur un CPC 6128 à partir d’un simple lecteur audio connecté à l’ordinateur, le CD d’Eurosoft, sous couvert d’être une vitrine technologique innovante, se « contentait » en fait de stocker les données sous forme de son, de la même manière que sur une cassette de jeu ; inutile de dire que les temps de chargement font plus honneur à la Neo-Geo CD qu’au SSD de la PlayStation 5...
Mais saluons quand même une initiative qui, finalement rend également hommage à Nintendo en appliquant la pensée latérale des technologies désuètes chère à Gunpei Yokoi, c’est-à-dire en faisant du neuf avec du vieux et rappelons à cet effet que le support CD était déjà, à l’époque, vieux de six ans ; une éternité dans le monde de la technologie. Comme quoi, la PlayStation était à sa sortie déjà bien plus ringarde que ce que l’on croyait, sauf si vous étiez con et pensiez qu'elle était supérieure à la Saturn. Mais à ce niveau là, c'est plus du Brassens, c'est du Coluche...