Street Fighter II

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Nom : Street Fighter II
Genre : Baston
Support : Cartouche (optimisée pour le Super Game Boy)
Sortie : 1995
Editeur : Capcom
Testé sur : Game Boy
Dispo aussi sur : y a-t-il seulement un support sur lequel ce jeu n’est pas disponible?
Testeur : WellcooK
Testé en mai 2007

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Pour finir cette premiĂšre sĂ©rie de tests Game Boy en beautĂ©, nous allons nous pencher sur un jeu mythique, le premier, celui qui est Ă  l’origine du genre majeur qui dominera l’arcade dans les annĂ©es 90. Quoi, vous n’avez pas encore devinĂ©? Attention, vous allez vexer notre RainMakeR national: il s’agit bien entendu de Street Fighter II! Et lĂ , je vois dĂ©jĂ  vos petits yeux qui brillent Ă  l’idĂ©e de redĂ©couvrir ce monument du jeu vidĂ©o. Et bien prĂ©parez les mouchoirs, car cette « adaptation de jeu la plus improbable que l’on ait pu trouver » va faire couler des larmes.

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J’ai longtemps rĂ©flĂ©chi Ă  la maniĂšre dont j’allais rĂ©diger ce test. Je rĂ©flĂ©chissais encore et encore (si si, je vous assure: ça m’arrive parfois de rĂ©flĂ©chir), mais je n’arrivais pas Ă  trouver un angle pour aborder ma critique. Puis finalement, je me suis rendu compte que la meilleure maniĂšre d’expliquer les sentiments que suscite ce jeu, c’était de dĂ©crire ce qui s’est passĂ© dans ma tĂȘte la premiĂšre fois que je l’ai eu en main, car je pense que la rĂ©action a du ĂȘtre similaire chez tous les amateurs de l’ex-sĂ©rie phare de Capcom. Accrochez-vous, car vous allez passer quelques minutes dans la peau de WellcooK et votre santĂ© mentale risque d’en prendre un sacrĂ© coup!

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Bien sĂ»r, aprĂšs avoir achetĂ© un jeu aussi mythique, on trĂ©pigne d’impatience Ă  l’idĂ©e d’ĂȘtre chez soi, de le dĂ©baller avec prĂ©caution pour enfin insĂ©rer la cartouche dans la petite console monochrome. Cela va de soi, j’ai vĂ©rifiĂ© que les piles Ă©taient chargĂ©es Ă  bloc car je me voyais dĂ©jĂ  passer des heures Ă  castagner sec. Comme le dit si bien la Chose: « it’s clobberin’ time! »

Comme pour les premiĂšres versions consoles, on arrive directement sur l’écran titre avec le thĂšme musical si cher Ă  nos cƓurs en fond sonore. Il n’en faut pas plus pour ĂȘtre immĂ©diatement plongĂ© dans l’ambiance. Bon, pas la peine de tergiverser, j’appuie frĂ©nĂ©tiquement sur Start pour lancer directement une partie. LĂ  apparaĂźt l’écran de sĂ©lection des personnages sur lequel on ne trouve que neuf visages. On s’en doutait, le casting a Ă©tĂ© rĂ©duit. Sur cette version, on peut donc jouer avec Ryu, Blanka, Guile, Ken, M. Bison, Chun-Li, Zangief, Balrog et Sagat (les noms sont ceux de la version occidentale). Je verse une petite larme en hommage Ă  la disparition d’E. Honda, de Dhalsim et de Vega.

Comme un RainMakeR en culottes courtes, je choisis Ken parce que y’a pas Ă  dire, c’est quand mĂȘme un beau gosse et un personnage surpuissant, rien Ă  voir avec cette tapette de Ryu. Bref, le hasard Ă©tant ce qu’il est, mon adversaire est aussi Ken pour le premier combat. Avant que celui-ci n’ait le temps de commencer arrive dĂ©jĂ  une premiĂšre mauvaise surprise: les deux personnages sont rigoureusement identiques, il n’y a aucun moyen de les diffĂ©rencier. VoilĂ  qui va poser quelques problĂšmes en versus. Enfin pour faire du versus, il faudrait dĂ©jĂ  avoir envie de jouer Ă  ce jeu, car ce Street Fighter II est une vĂ©ritable catastrophe.

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Le drame commence par la rĂ©alisation technique. En soit les graphismes sont trĂšs rĂ©ussis: on reconnaĂźt parfaitement les personnages, mĂȘme si leur rendu est un peu bizarre. Les dĂ©cors sont vraiment soignĂ©s et, bien qu’ils ne soient pas animĂ©s et qu’il n’y ait aucune interaction (comme les caisses du stage de Guile), ils sont les plus fidĂšles Ă  leur version originale qu’il m’ait Ă©tĂ© donnĂ© de voir sur une adaptation Game Boy. L’animation par contre est vraiment catastrophique. Il n’y a aucune transition dans les Ă©tapes d’animation, les mouvements sont super saccadĂ©s. C’est bien simple: on dirait que les personnages se dĂ©placent en se tĂ©lĂ©portant sur de courtes distances ! Pour tout dire, j’ai l’impression d’ĂȘtre devant mon Game & Watch Street Fighter II (tiens, il faudrait que je lui dĂ©die un test un jour).

Mais c’est quand on s’attarde sur le gameplay que l’on touche le fond. Je vais essayer de deviner le cheminement qu’a suivi la discussion des dĂ©veloppeurs pendant leur sĂ©ance de brainstorming:
– Quoi, on doit adapter Street Fighter II sur Game Boy? Mais la console n’a que deux boutons! Comment on va faire?
– T’inquiĂšte pas, on n’a qu’à mettre deux coups de base et le tour est jouĂ©. Les Kevins n’y verront que du feu. Et on pourra ensuite bosser sur le portage 3DO.
– J’en ai marre de bosser sur des adaptations de Street Fighter II…
– Il va falloir t’y habituer, dans 10 ans on en fera encore!

Et c’est ainsi que l’on se retrouve avec un bouton pour le coup de pied fort et un autre pour le coup de poing fort: c’est tout ce qui a Ă©tĂ© gardĂ© des six coups de base du jeu original. Bon, les dĂ©veloppeurs ont Ă©tĂ© gentil et ont quand mĂȘme introduit les variations dans les coups (liĂ©s Ă  la distance par rapport Ă  l’adversaire) que l’on peut voir dans la version originale. Bien sĂ»r, si vous jouez comme RainMakeR ces deux boutons vous suffiront, mais les joueurs de l’espĂšce des Homo Sapiens seront sacrĂ©ment déçus. Pourtant, en lisant la notice je vois qu’il est marquĂ© qu’il suffit d’appuyer briĂšvement sur un bouton pour faire un coup rapide, et d’appuyer plus longtemps pour un coup fort. C’est bizarre, je n’ai vu aucune diffĂ©rence… Bon, je rĂ©essaye! (Oui, je suis parfois masochiste). Et en effet, en fonction du temps de pression les coups sont plus ou moins rapides. Mais bon, vu que les sprites restent les mĂȘme, la diffĂ©rence ne saute pas aux yeux. On perd donc finalement le principal intĂ©rĂȘt de Street Fighter II: un gameplay riche offrant de nombreuses possibilitĂ©s au cours d’un combat, et des personnages qui s’en trouvaient grandement diffĂ©renciĂ©s.

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Allez, soyons fous, on peut aussi Ă©voquer les points positifs. Ca ne mange pas de pain et ce ne sera pas bien long: il n’y en a que deux. Les thĂšmes musicaux sont vraiment bien restituĂ©s. Il s’agit certainement de l’une des bandes sons les plus agrĂ©ables que l’on puisse trouver sur Game Boy pour ce qui est des adaptations de jeux de combat. En mĂȘme temps, ces musiques sont tellement mythiques dans le cƓur des vieux joueurs qu’elles nous feraient vibrer mĂȘme sur la minable sonnerie midi d’un vieux tĂ©lĂ©phone portable. L’autre point positif vient du fait qu’il ne s’agit pas de l’adaptation du Street Fighter II original, mais de l’édition turbo. Ainsi les personnages disposent d’une poignĂ©e de coups spĂ©ciaux supplĂ©mentaires, et certains coups de bases ont Ă©tĂ© retouchĂ©s. Mais bon, vu comment le gameplay a Ă©tĂ© charcutĂ©, on va dire que ce point n’a que peu d’importance. Ah, et pour ceux que ça intĂ©resse, il y a aussi un mode « survival ».

Si je devais le comparer Ă  un autre jeu, je dois dire que ce portage me fait furieusement pensĂ© Ă  celui du premier Street Fighter sur mon Atari 520STE (lĂ , nos lecteurs les plus jeunes ne voient certainement pas de quoi je parle). Dans l’ensemble le rendu est similaire, on dirait une transposition de l’univers de Street Fighter II dans le moteur de Street Fighter. Si si, je vous assure, il ne s’agit pas d’un dĂ©lire mystique issu de la consommation de substances illicites. C’est vraiment la maniĂšre la plus efficace que j’ai trouvĂ© pour dĂ©crire ce que me fait ressentir ce jeu, et ça me semble aussi la plus juste.

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VoilĂ , j’espĂšre que vous ne garderez pas trop de sĂ©quelles de ce voyage dans mon esprit troublĂ© (et troublĂ© est vraiment un euphĂ©misme pour dĂ©crire le traumatisme qu’a pu me causer ce jeu). Ce Street Fighter II sur Game boy est une vraie dĂ©ception. DĂ©jĂ  Ă  l’époque il Ă©tait difficile de le conseiller Ă  quelqu’un, alors je ne vous raconte pas ce que ça donne au jour d’aujourd’hui. Il faut vraiment ĂȘtre un fan absolu nostalgique atteint de collectionnite aigue pour vouloir se procurer ce jeu. Si vous voulez transporter Street Fighter II partout avec vous, tournez-vous plutĂŽt du cĂŽtĂ© de Super Street Fighter II Turbo Revival sur Game Boy Advance. Ah, et je tiens Ă  remercier RainMakeR pour sa contribution passive Ă  la rĂ©daction de ce test!


WellcooK