Rugal-B a écrit :c'est toujours le même discours a peine retouché.
Ce sont juste des points
inévitables. Mais bien sûr qu'à côté, y a des tas d'autres points, comme la fermeture des petites salles à cause des grandes (comme mentionné dans la vidéo), le matos pourri, les parcs renouvelés une fois les 36 du mois, les crédits élevés etc...
MAIS, en amont de tout ça, y a déjà la
profonde dépréciation de la façon d'aborder le jeu vidéo dans un contexte arcade. Et ça, ça ne change pas dans la mentalité des joueurs en occident. Un bref aperçu de la presse "spécialisée" atteste du fondement de mes propos :
2000 : parmi tant d'autres rédactions navrantes,
un test au pif de chez JV.com, Gigawing
2010, 10 ans plus tard, le même type de mentalité,
avec un autre test, sur un autre site (After Burner Climax, Gamekult)
La même aversion, les mêmes arguments, les mêmes repproches atour de l'arcade et pas sur les jeux individuellement.
Tu vas me dire, ce sont juste des tests, et la presse n'est pas "l'expression exacte de la pensée des joueurs de tous horizons "... Et bien, c'est quand même la presse qui participe à forger et surtout
réactualiser, année après année, le même type de "logique" pour l'appréciation du jeu vidéo.
(le standard de 10 heure de durée de vie, il date d'y a 10 ans, et il est rabâché systématiquement, dans le même temps que les jeux sont sanctionnés d'office s'ils proposent "moins" ...).
Il y a donc toujours d'un côté la
légitimation systématique d'une certaine conception de la "durée de vie", et approuvée unilatéralement par tous les joueurs (ou presque), et de l'autre, le dénigrement systématique de tous ce qui s'y oppose (à fortiori la conception arcade et ses principes), parce qu'il ne s'agit en aucun cas pour la presse et pour une grande masse de joueur, d'une "autre façon de concevoir" le jeu vidéo, mais surtout de tout ce qui les rebute d'office.
Autant un arcadeux de la veille peut jouer à une production récente et comprendre qu'il s'agit de quelque chose à aborder vraiment différemment d'un jeu d'arcade, autant les joueurs qui ont été "formés" avec les jeux perçus selon les codes et les critères forgés par la presse (et le marketing...) sont
incapables de faire la marche "inverse".
Le problème se situant de toute façon très à la racine des choses, à savoir que tout ce qui s'éloigne de la conception arcade, donc tout ce qui s'éloigne des
exigences sévères liées aux conditions d'exploitation d'une salle, tend simplement à provoquer
de la merde.
Il y a un
affaiblissement dramatique de tous les critères essentiels de la pratique du jeu vidéo................. sauf la qualité graphique (perf technologique), qui elle est passée au devant du monde arcade, et qui a permit de définitivement s'affranchir de la nécessité d'aller en salle.
Quand on avait des jeux à la
jouabilité irréprochable, on obtient désormais des jeux
approximatifs, bancals, peu ergonomiques.
Quand on avait des jeux
denses et intenses, on obtient
du remplissage de phases "vides" qui durent des plombes.
Quand on avait de l'action
pure (exécuter
correctement les commandes du jeu), on obtient de l'action
dilluée qui se justifie selon une histoire, qui constitue la première raison de pratiquer un jeu (et non plus de jouer...).
Quand on avait un
challenge de chaque seconde, on obtient une
permissivité excessive du début à la fin, qui finit par ruiner la moindre interaction, vide de sens.
L'inversion des valeurs, signe de haute décadence, est établie et
renouvelée chaque jour.
Alors, le jeu vidéo,
c'est pas que de l'action pure, on peut faire des tas de trucs, mais il s'avère que tous ce qui s'éloigne de l'action pure (qui renvoie à la seule action "vraie" dans le monde réel lors de la pratique d'un jeu: appuyer sur des boutons) est conçu et vendu
malhonnêtement.
C'est de l'arnaque à peine camouflée à tous les niveaux. Et le pire, c'est que la masse des joueurs lobotomisés dans ce mouvement décadent, ils en arrivent à penser
naturellement que c'est l'arcade qui constitue une arnaque !!!
Même ceux qui se risquent à "jouer différent" (alors que c'est l'arcade qui a forger les jeux vidéo depuis les années 70 !!!), ils considèrent au mieux les jeux d'arcade comme des amuses-gueule entre deux jeux
avec tant de contenu qui s'étale sur 10 heures de durée de vie.
Inversion des valeurs, et primat de la quantité sur la qualité...
Aujourd'hui, quand l'arcade vivote péniblement en Europe, c'est surtout grâce à un contenu qui peut toucher des gens qui ne sont pas intéressés par l'arcade, mais qui font une partie occasionnelle sur des jeux
assimilable aisément :
jeux de voiture
(l'automobile, tout le monde connait et comprend), jeux de flingue, jeux musicaux. Au delà, point de salut,
parce que même les gens qui aujourd'hui vont en salle considèrent l'arcade comme une vulgaire attraction de foire (avec des gros meubles dédiés et de l'interaction "physique").
Pour qu'il y ait une appréciation de l'arcade, de la conception arcade, de ses valeurs, de son exigence, de son
excellence, il faut lutter contre la dépréciation systématique qui est faite. Mais bon, faut se dire que c'est une dépréciation qui existait
DEJA à la Grande Epoque en occident, de façon latente, parce que la grosse motivation pour aller en salle pour beaucoup, c'était de voir de la perf' technologique, et pas grand chose de plus ...
Parce que pour avoir quelque chose de
plus, plus de "contenu" (sans se soucier de savoir si c'était "meilleur"), y avait le marché domestique, grandissant.
Aujourd'hui, tu prends n'importe quel gros jeux du marché domestique qui cartonne, tu lui applique les
recettes magiques du milieu arcade, et t'en tire une saveur autrement plus relevée.
Tu prends n'importe quel jeu qui a prit naissance en arcade et tu l'adaptes au marché domestique, t'obtient un jeu de merde,
affaibli. Fade.
De nos jours, malgré les capacités de calcul et de stockage énormes, y a toujours de l'intérêt à concevoir et pratiquer des jeux dans le cadre d'une session courte, un temps de jeu nécessairement jouable
en une traite (donc, beaucoup moins que plusieurs heures, qui obligent à faire plusieurs cessions et à sauvegarder...).
Pour créer des jeux
intenses, qui permettent de
vivre pleinement l'instant présent, le genre d'intensité qui permet de s'extraire du
somnambulisme mondain nécessaire à la société moderne, il faut que ça soit court. Un temps de jeu où
on ne propose que le meilleur, le top.
En plus, faut se dire que
dès qu'on dépasse deux heures d'affilée sur n'importe quelle activité, on perd de ses facultés. (donc, on est moins performant, on apprécie moins les choses).
Maintenant, le passage philo qu'il ne faut pas louper pour bien comprendre le fond du truc :
Les jeux vidéo qui proposent "plus de contenu" que les jeux d'arcade ne permettent pas de vivre l'instant présent intensément (ce n'est pas leur but), ils reposent entièrement sur les espoirs autour d'un futur vendu comme meilleur, le futur de la réalité virtuelle tellement convaincante qu'on a plus l'impression de jouer à un "vulgaire jeu" (qui ne sert qu'à s'amuser...), mais de pouvoir commencer une existence manufacturée de toute pièce selon ses propres désirs, qui permettra de s'extraire des vicissitudes de l'existence réelle que personne ne choisit.
Méditez là dessus pendant que vous passerez sur le
trône après la pause lunch'.
Chaque nouveau progrès technologique va dans ce sens. Chaque nouveau périphérique de jeu "dématérialisé" (fini le bouton) est un échantillon de l'
Imposture Totale que tous attendent
ardemment. Tous sont séduits par les possibilités illimitées du virtuel.
La réalisation de L'imposture Virtuelle, c'est le terrain ultime du
non-jeu. Et y a pas besoin d'attendre que ça soit accompli pour s'en rendre compte.